En 1978, le rapport Nora Minc lançait cette formule choc: la banque est
la sidérurgie de demain. Près de 40 ans après, cette vision prophétique
semble se réaliser. Hier HSBC a fait une annonce spectaculaire avec une
réduction de ses actifs et une réduction de ses effectifs: 50,000 d'ici 2
ans. Le modèle de banque commerciale universelle est sous pression.
C'est un événement
majeur et un signe de plus du défi auquel doivent faire face les
grandes banques internationales. Quand Stuart Guilliver, le patron
d'HSBC, a pris la direction de la banque en 2010, le modèle était clair :
une banque universelle. Une banque présente sur tous les métiers et
dans tous les pays. Aujourd'hui, premier revirement dramatique avec la
cession des activités en Turquie et au Brésil et le départ d'ici 2 ans
de 50,000 personnes, avec un message fort : le recentrage sur l'Asie. La banque
court après des niveaux de profitabilité qui ont disparu avec les
années.
Comment explique-ton la chute de la profitabilité ? Les banques
commerciales sont confrontées à un environnement difficile : la baisse
des taux d'intérêt, le poids de la réglementation devenue de plus en
plus asphyxiante. Auxquels il faut ajouter le coût des litiges et de la
prévention juridique avec les scandales, les amendes et les armées de
contrôleurs que les banques doivent maintenir. Les banques, on en parle
moins, sont aussi confrontées comme tous les secteurs de l'économie et
en particulier de la distribution, à une révolution numérique avec
l'émergence du low cost et de nouveaux business models.
Le cours de l'action a pourtant peu réagi à l'annonce. C'est normal. Aux
yeux des investisseurs, ce que vient de faire HSBC est nécessaire mais
pas suffisant. Ils auraient voulu que la banque se sépare aussi d'une
partie de ses activités de banques d'investissement qui sont peu
rentables, notamment dans certains pays européens. HSBC a ouvert le bal.
Mais d'autres banques vont suivre. Les banques sont dans une spirale
infernale avec une déflation des revenus et une inflation des coûts.
Elles vont devoir se réinventer totalement au risque de connaître le
sort des industries lourdes du passé. En 1978 le rapport Minc Nora
prévoyait que la banque serait la sidérurgie de demain. Avec près de 40
ans de retard, leur prévision est peut-être en train de se réaliser.
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