vendredi 21 mai 2010

L'inflation comme seul remède à la crise économique

Le vieux monde croule sous la dette. L'endettement total, celui qui regroupe les engagements de l'Etat, des entreprises et des ménages, dépasse partout deux années de production. En France, il a franchi les 2.000 milliards d'euros il y a dix ans, les 3.000 milliards en 2006 et le seuil des 4.000 milliards sera atteint cet été. Les causes de cette fantastique ascension sont connues : déséquilibres financiers planétaires, innovation financière débridée, intervention publique défaillante notamment aux Etats-Unis, et plus récemment impact dévastateur de la crise financière sur les comptes publiques.Les conséquences, elles, vont se faire sentir dans les mois et les années à venir : un étouffement de l'activité. La dette est un poison mortel qui tue les empires et provoque les révolutions.
Pour s'en sortir, il n'y a que trois issues, au-delà d'une croissance imaginaire.
D'abord, rembourser ses créanciers mois après mois en se serrant la ceinture au risque de mourir d'épuisement. Au moindre dérapage, cette voie risque d'entraîner l'économie dans la spirale dépressive décrite en 1933.
Ensuite, répudier la dette comme le fit la Russie en 1917, ce qui implique de ne plus recourir au moindre emprunt pendant des décennies. D'autres formes moins violentes consistent à étaler la dette dans le temps - on parle alors de rééchelonnement ou de restructuration. Le créancier accepte alors, plus ou moins forcé, la perte d'une partie de son argent.

Reste enfin l'inflation. Elle consiste à éroder la dette par la hausse des prix. Le débiteur rembourse alors en monnaie de singe. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, quand Harry Truman succède à Franklin Roosevelt à la présidence du pays, les Etats-Unis avaient une dette publique gonflée par les dépenses militaires à plus de 100 % du PIB. En une décennie, la hausse des prix en a rongé 40 %. L'inflation n'est pas seulement une hausse autoentretenue du niveau général des prix. C'est aussi un mécanisme de répartition des revenus, entre créanciers et débiteurs. Plus l'inflation est forte, plus les prêteurs perdent - sauf s'ils ont eu la sagesse d'indexer les remboursements sur la hausse des prix. Or la solution d'une dette trop lourde, c'est précisément un transfert. Pour éviter de tout perdre, les prêteurs qui ont trop prêté se résignent à une amputation de leurs revenus futurs.

Mais le problème, c'est qu'on ne sait plus faire d'inflation, et ce pour au moins quatre raisons.
La première est économique. Difficile d'augmenter les prix dans un monde plus ouvert, où le consommateur a pris le pouvoir, où les usines sont loin de tourner au maximum de leurs capacités et où les syndicats ont perdu de leur pouvoir.
Le deuxième obstacle est financier : les investisseurs ont désormais les moyens de se défendre. Ils peuvent partir ailleurs au moindre bruit d'inflation(les deux tiers de la dette publique française sont détenus par des étrangers).
Le troisième blocage est institutionnel : après les flambées des années 1970, les gouvernements ont confié la surveillance des prix à des banquiers centraux indépendants. Comme la BCE qui a pour objectif principal de maintenir la stabilité des prix.
Le dernier point, le plus important, est politique. Les retraités dont les revenus viennent de fonds de pension, les détenteurs de sicav, les épargnants ... pèsent d'autant plus lourd qu'ils sont souvent âgés - et donc très actifs lors les élections. Il est par exemple peu vraisemblable que Nicolas Sarkozy fasse campagne en 2012 sur le thème de l'inflation, alors qu'il n'aurait pas été élu en 2007 sans le vote décisif des plus de 65 ans. La démocratisation du capital de ces dernières décennies constitue un formidable rempart contre l'inflation.
En réalité, le seul canal qui pourrait emporter les prix vient des matières premières. Les dernières grandes vagues d'inflation viennent de là - en 1950 avec la guerre de Corée, dans les années 1970 avec les chocs pétroliers. Aujourd'hui, les pays émergents sont très gourmands en produits de base, les ressources sont souvent limitées et les mines ont du mal à répondre à la demande. C'est là que pourrait se former le cocktail salvateur d'un monde trop vieux. A moins qu'un miracle digne de ceux présentés par les religions intervienne ... rapidement.

2 commentaires:

  1. et quoi de mieux pour faire flamber le pétrole comme matière première, qu'une guerre dans un gros pays producteur...

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  2. M.Anonyme...bravo pour l'idée de guerre!! Et je suis sûre que vous pensez à un pays en particulier? C'st bien ciblé tout ça! Vous ne trouvez pas qu'il y a u assez de guerres et de morts inutiles?!!

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