jeudi 11 août 2011

Amalgames

Les autorités médicales estiment que le plombage à base de mercure reste « le matériau le mieux adapté », mais de nombreux travaux scientifiques ont un avis opposé.

En France, le ministère de la Santé, dans une réponse publiée au Journal officiel du Sénat (3 juillet 2008), a estimé que l’amalgame dentaire à base de mercure « reste le matériau le mieux adapté dans de nombreux cas (…) les doses de mercure libérées dans l’organisme sont infimes et très en deçà des seuils auxquels des effets toxiques pourraient être observés ». Cette position est également celle du SCENIHR (Comité scientifique sur les risques sanitaires émergents et nouveaux) qui s’est prononcé sur la question à la demande de la commission européenne. Dans son rapport, le SCENIHR conclut que « l’usage courant de l’amalgame dentaire ne pose aucun problème de maladie systémique ». Il est à noter que les détracteurs de l’amalgame s’interrogent sur la possible influence de pays qui, comme la France, défendent ce matériau peu coûteux pour la sécurité sociale, comparé aux matériaux alternatifs.

Sur le plan scientifique, le rapport du SCENIHR est contredit par l’étude du professeur Joachim Mutter de l’Hôpital universitaire de Freiburg (Allemagne). Dans un document qui s’appuie sur 295 travaux, le professeur affirme que « l’amalgame dentaire est de loin la principale source de mercure chez l’homme. Ceci a été prouvé par des autopsies au cours desquelles on a mesuré 2 à 12 fois plus de mercure dans les tissus des individus portant des amalgames ». Par ailleurs, Joachim Mutter estime que « les méthodologies de la majorité des études citées pas le SCENIHR sont contestables ». Il précise que ces études, reposant selon le SCENIHR, sur des « indications d’exposition généralement obtenues par des mesures de taux de mercure dans les urines et dans le sang » donnent des taux inférieurs à ceux mesurés dans les tissus. Il ajoute que « le SCENIHR ne fait pas mention des autopsies, qui sont pourtant les plus fiables pour déterminer le taux de mercure dans les tissus ».

Un rapport qui interroge

Or, toujours selon le professeur de l’Hôpital universitaire de Freiburg, « des études (1) ont montré que le mercure des amalgames dentaires est transformé en mercure organique par les micro-organismes via le tractus gastro-intestinal humain (…) Le niveau de mercure dans le liquide amniotique et le lait maternel est également significativement corrélé au nombre d’amalgames en bouche de la mère ». Joachim Mutter établit qu’« une récente analyse systématique de la littérature concernant le rôle du mercure dans le développement de la maladie d’Alzheimer a conclu à une relation de cause à effet significative ». Enfin, le scientifique estime que « dans la plupart des études disponibles, l’exposition au mercure dans les cliniques dentaires a eu pour conséquence des effets nocifs importants chez le personnel de la dentisterie ».

Ainsi la France est très loin de la position des pays nordiques et du Japon, qui ont supprimé les amalgames au mercure. Le ministère de la Santé a même estimé que « les pays qui ont interdit ou restreint l’utilisation des amalgames dentaires, l’ont fait en se fondant sur des considérations environnementales et non pas en raison d’une hypothétique toxicité des amalgames sur les personnes soignées ». On objectera que l’un n’exclut pas l’autre...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire